Conseil métropolitain du 15 février 2019 – Intervention sur le budget primitif 2019
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Conseil du 15/02/2019 – Budget Primitif 2019

Intervention de Sylvie Cassou-Schotte

(seul le prononcé fait foi)

Monsieur le Président, Mes chers collègues,

L’exercice budgétaire s’avère de moins en moins aisé d’année en année au regard des besoins qui ne faiblissent pas d’une part, et des recettes de moins en moins dynamiques de l’autre. A cette équation déjà complexe s’ajoute une nouvelle donnée avec la contractualisation qui nous lie les mains sur les dépenses de fonctionnement.

Ainsi, si nos ratios de gestion sont toujours globalement satisfaisants, nous devons avoir à l’esprit que la situation financière de la métropole est appelée à se tendre du fait de :
– nos engagements en matière d’investissements
– et d’un risque d’explosion de nos dépenses de fonctionnement dans le cadre du budget transports en lien avec le vieillissement du réseau et son extension.

Aussi, nous vous faisons une proposition : celle de mettre en place un PPF (plan pluriannuel de fonctionnement) pour visualiser de manière glissante l’évolution de nos dépenses de fonctionnement.

Par ailleurs, nous avons noté avec déception le fait que le seul volet qui accuse une baisse de ses crédits est le volet Haute Qualité de vie (baisse de -2,16%). Pourtant les enjeux sont particulièrement significatifs sur de nombreuses politiques publiques concernées par ce volet : les déchets et la thématique Energie, climat et DD notamment. Les derniers éléments présentés dans le cadre du rapport annuel sur le développement durable nous ont pourtant démontré que nous ne nous situons pas à ce jour sur la bonne trajectoire pour atteindre les objectifs.

Concernant la politique climat, nous vous invitons à lire, ou relire si ce n’est déjà fait, le rapport du WWF sur le défi climatique des villes publié fin 2018. A travers un travail minutieux, il s’est agi pour le WWF de traduire localement pour 10 métropoles françaises l’objectif international de l’Accord de Paris et de définir un budget carbone, c’est-à-dire le volume maximal de gaz à effet de serre que nous pouvons encore émettre pour atteindre une concentration maximale dans l’atmosphère sans risquer de dépasser un niveau trop élevé de hausse de la température à l’échelle de notre planète.

Pour ce qui concerne la métropole bordelaise, nous disposerions ainsi de 7 années de droits à émettre au rythme annuel actuel pour tenir les objectifs !

Dans son rapport, le WWF propose également des scenarii. Sans nous appesantir sur les détails, sachez que pour être dans la bonne trajectoire, nous devrions viser une baisse de -44% minimum de nos émissions globales (objectif – 2 °C) voire de -81% (objectif -1,5°C) alors que notre plan climat affiche un objectif de -27%.

Vous l’aurez compris, l’urgence climatique c’est maintenant qu’elle se pose. De nombreuses collectivités s’engagent d’ailleurs aujourd’hui dans un Budget climat, via par exemple la mise en place d’une comptabilité analytique permettant l’évaluation de l’impact carbone de chaque dépense (comme Oslo).

Nos actions devraient d’ailleurs idéalement être définies selon une analyse de leur rapport coût / efficacité, comparant, selon un raisonnement en coût global, le coût de l’action et les recettes / économies qu’elle engendre. Le coût de l’action gagnerait à être mis au regard du coût de l’inaction établi en tenant compte de la vulnérabilité du territoire au changement climatique et de ses mutations nécessaires. Or, ce coût de l’inaction n’est que rarement – pour ne pas dire jamais – évalué.

Pour conclure, nous voterons ce budget 2019 car il comporte toute une série d’investissements que nous jugeons utiles et nécessaires pour l’agglomération et ses habitants. Mais nous vous alertons sur le risque de différer trop longtemps une grille de lecture qui finira par s’imposer à nous.

Nous nous remercions de votre attention.