Conseil du 6 juillet 2018 – Rapport annuel du délégataire Transports – intervention de Pierre Hurmic
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Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Dans l’ensemble, ce rapport démontre l’efficacité et surtout l’attractivité de notre réseau de transports en commun. Toutefois, je souhaiterais cibler quelques éléments qui méritent peut être d’être approfondis et améliorés.

Tout d’abord, j’aimerais attirer votre attention sur la problématique du taux de panne des tramways. Malgré des chiffres qui témoignent d’une diminution de ce taux en 2017, le ressenti des usagers peut apparaître très différent dans certains secteurs. L’exemple le plus frappant est la portion de la ligne B, qui relie Peixotto à Saint Nicolas, et qui fut marquée par des pannes presque quotidiennes, provoquant le ras-le-bol des usagers. Sans surprise, ce sont toujours les défauts des batteries APS Alstom qui constituent la cause principale des dysfonctionnements.

Ainsi, même si nous dénotons une légère amélioration globale, grâce notamment à ces procédés de « maintenance préventive » qui tentent de signaler les pannes avant qu’elles ne surviennent ; il paraît nécessaire de remédier de manière plus radicale à ces pannes très pénalisantes, qui touchent de manière inégalitaire nos usagers.

Il est par exemple dommageable que la fragmentation des segments de batteries APS au niveau de la barrière Saint-Genès sur la portion Peixotto-Saint Nicolas ne soit toujours pas résolue. Grâce à ce dispositif, les pannes pourraient pourtant concerner des distances plus courtes.

Les sporadiques opérations de maintenance pénalisent également les usagers ; qui préféreraient sans doute que ces dernières soient réalisées d’un seul bloc. Bien sur, des solutions de substitution sont toujours mises en place lors de ces opérations. Cependant, elles manquent de visibilité et de clarté vis à vis des usagers. Les efforts à fournir en termes de communication sont encore nombreux.

Enfin, étaler l’heure de pointe au sein des Universités et Grandes Ecoles permettrait de pallier la surcharge qui touche cette même ligne B. Un plan de déplacements des universités apparaît indispensable pour pérenniser l’usage des transports en commun. Il pourrait suivre la même logique que le PDIE en matière de décalage d’horaires, de covoiturage ou encore de politique vélo.

Ce rapport nous amène également à nous pencher sur des problématiques plus larges.

Aujourd’hui, la congestion et les difficultés de circulation inquiètent la majorité des habitants de la métropole. Depuis des décennies, nous contribuons largement à la construction d’infrastructures routières : nous gérons des centaines de kilomètres de routes métropolitaines, nous avons financé la mise à trois voies de la rocade etc. En vain. Il est donc temps de nous lancer dans de nouveaux investissements, et de créer un véritable plan en faveur des mobilités alternatives : proposer des V3 électriques en périphérie, promouvoir le covoiturage stop&drive destiné à aider les salariés à parcourir le dernier kilomètre jusqu’à leur lieu de travail à l’aide d’une identification visuelle, mettre en place un véritable plan covoiturage etc.

Nous en profitons également pour rebondir sur le maintien de la fermeture à la circulation du Pont de pierre. Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour la qualité de l’air et les mobilités actives. Nous avions initialement sous-estimé le très important report modal enregistré et la part d’évaporation du trafic automobile générée par cette fermeture. Le vélo est notamment le grand vainqueur de cet aménagement qui doit être accompagné d’autres initiatives cyclables pour pouvoir atteindre le quota de 15 % de vélos dans nos déplacements. Ce pas franchi pour relever le défi du réchauffement climatique qui est un succès ne doit pas rester isolé et nous attendons d’autres gestes significatifs dans ce sens. Nous demandons ainsi que tous nos projets d’urbanisme, d’aménagement urbain, de mobilités, soient désormais examinées à la lueur de cet impératif de la transition écologique, ce qui est loin d’être le cas.

Pour conclure, j’aimerais aborder ce sujet de la mobilité dans le long terme.

Nous avons voté cette année un Plan d’urgences mobilités comprenant un certain nombre de mesures concrètes à mettre en place dans les deux prochaines années. C’est louable mais nous regrettons le manque d’objectifs clairs concernant notre politique de transports dans les 10 années à venir. Oui, nous avons adopté le SDODM, mais face aux enjeux démographiques actuels, il n’est plus suffisant. Que voulons- nous ? Des lignes de métro ? Un investissement dans les navettes routières et fluviales ? Un grand plan vélo et covoiturage ? Voilà des idées qui méritent d’être débattues rapidement afin de proposer un horizon clair, tant pour nos administrés que pour une meilleure efficacité de notre politique mobilités.