Conseil du 16 décembre 2016 – Financement des travaux de la mise à 2×3 voies de la rocade
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58/Financement des travaux de mise à 2×3 voies de la rocade de la Métropole bordelaise – Décision – Autorisation

VOTE : Abstention
Intervention : Gérard Chausset

Cette délibération acte la suppression de la piste cyclable du pont François Mitterrand. Nous regrettons qu’aucune alternative n’ait été envisagée sérieusement. Nous avons voté au dernier conseil un plan vélo dans lequel on nous a dit n’avoir jamais mis autant de crédits pour le vélo. Entre 2015 et 2020, nous allons dépenser 186 millions d’euros pour la rocade. Dont 75 millions à la charge de la métropole. Or, une passerelle en encorbellement serait réalisable sur le pont François Mitterrand et permettrait de maintenir la piste cyclable pour un coût de 7 millions d’euros dont 50% pris en charge par l’Etat. Alors je pose une question : allons nous vraiment, comme on l’a dit et écrit dans ce plan vélo mettre les moyens, financiers bien sur, pour augmenter la part modale vélo. Ou alors, allons-nous continuer à privilégier la voiture ? Nous dépensons 186 millions pour la voiture, cela ne me choquerait pas que l’on dépense 7 millions pour le vélo !

La proposition de reporter le trafic vélo vers le pont Jean-Jacques Bosc suppose par ailleurs de prévoir un aménagement qualitatif des voies sur berges reliant les deux ponts. Aussi, nous plaidons pour le déclassement de l’A631 (voies sur berges rive gauche longeant Bègles et Bordeaux) pour pouvoir l’aménager en boulevard urbain.

Nous n’allons pas financer le maintien de la piste François Mitterrand, nous savons également à l’étude du budget que le budget transports public est de plus en plus important que nous avons des nouvelles lignes à financer et aurons de nombreux investissements de maintenance à réaliser dans les prochaines années. Concentrons-nous sur ces mobilités d’avenir plutôt que de privilégier la circulation automobile… Avec les conséquences que l’on connait en terme sanitaire pour nos habitants.

En effet, le contexte de pic de pollution de l’air aux microparticules PM10 devrait nous interpeller.
Rappelons les seuils de procédure actuels : 50 µg/m³ pour passer en PIR (Procédure Informations et recommandations) et 80 µg/m³pour le seuil d’alerte.
A Bordeaux, en valeur moyenne journalière, des niveaux supérieurs à 50 µg/m³ ont été enregistrés pendant 4 jours.
Si on regarde les taux maximum journaliers, qui sont parfois enregistrés pendant plusieurs heures, les niveaux de concentration ont dépassé 80 µg/m³ pendant 5 jours à Bastide et 3 jours à Gambetta avec des niveaux parfois colossaux comme par exemple 147 µg/m³ enregistré le 6 décembre ou 152 µg/m³ enregistré le 12 décembre.

Rappelons que le niveau annuel recommandé par l’OMS est de 20 µg/m³ pour les PM10.
Or, l’accumulation de niveaux élevés pendant plusieurs jours (indice ATMO de 8), ce qui correspond à une qualité de l’air « mauvaise », a des effets conséquents et néfastes sur la santé. Mais il ne faut pas nécessairement attendre la procédure d’alerte pour mettre en œuvre des mesures. Selon l’institut de veille sanitaire (InVS), les effets de la pollution atmosphérique sur la santé sont observés dès les concentrations les plus faibles, en l’absence même de pics de pollution.
Dans notre agglomération, des pics de pollution interviennent mais un fond de pollution est toujours présent dans l’air ambiant et est dû, dans une partie non négligeable au trafic routier et en particulier aux véhicules diesel.
En effet, l’AIRAQ, le trafic routier, et en particulier le diesel, est responsable de 47% des émissions de particules PM10 dans la métropole bordelaise. Le chauffage n’est que la seconde source d’émissions de PM10 dans notre agglomération.
Dans une étude de 2015, l’ARS (agence régionale santé) Aquitaine a mesuré les conséquences de la pollution de l’air dans notre métropole: elle estime à environ 200 décès par an le nombre de décès liés à cette pollution. Elle a également réalisé une évaluation économique des impacts sanitaires pour Bordeaux : elle conclue à un coût de 1,1 millions d’euros par an pour les PM10.
Dans ce contexte, je trouve déraisonnable et je pense que cela ne va pas dans le sens … que d’ouvrir une troisième voie de rocade.

On le sait tous, cette troisième voie contribuera dans un premier temps, à fluidifier le trafic, puis rapidement, le trafic va augmenter et nous verrons réapparaitre les bouchons.
D’ailleurs, lors de la présentation de cette délibération en commission, la formule suivante a été utilisée : « Cette troisième voie permettra de fluidifier le trafic, mais nous ne savons pas jusqu’à quand ».
C’est-à-dire que nous sommes tous déjà au courant que ce n’est qu’une solution provisoire et pourtant très couteuse !