Conseil du 25 octobre 2019 – Stade Bordeaux-Matmut – rapport annuel de l’exercice clos le 31 décembre 2018 de la société SBA
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Stade Bordeaux-Matmut – rapport annuel de l’exercice clos le 31 décembre 2018 de la société SBA

Intervention de Pierre Hurmic

 

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Ce rapport annuel 2018 confirme un résultat net déficitaire de 3 M€ en 2018, et de 13,6 M€ depuis le début du contrat, déficit qui dépasse largement les prévisions (- 4 ,6 millions), soit un écart de 9 M€ !

Mais la nouveauté de cette année, c’est que SBA, qui annonçait pouvoir inverser la tendance, annonce désormais qu’il s’agit d’un déficit structurel lié au contrat.

Contrat qui, selon eux, leur est beaucoup trop défavorable.

Pour autant de nombreux éléments de gestion prouvent que les choses sont graves et plus complexes et pas forcément toutes structurelles :

– Le montant 11 fois supérieur au contrat du poste Gros Entretien Renouvellement (GER) semble disproportionné pour un équipement neuf.

– Les charges de personnel bondissent : 895 000 € soit + 21%.

En 2018, l’effectif salarié de SBA était de 13,5 ETP contre 11,9 ETP en 2017 alors que le contrat prévoyait en phase exploitation 8 ETP.

Déjà les années précédentes, le montant de ces charges de personnel, avec de de gros salaires pour les cadres supérieurs, était jugé trop important.

Eh bien, cette année, au lieu de les diminuer, on les augmente encore !

Ces éléments interrogent sur la capacité de gestion de SBA, à qui on a délégué l’exploitation du stade pour 30 ans.

D’autant plus que, et ce n’est pas la première année, la transparence fait cruellement défaut.

Ce rapport nous expose, dit-il, fin octobre 2019, les perspectives pour 2019, et ne dit pas un mot pour 2020 alors que c’est dans 2 mois.

Nous savons que les tournées de concert sont déjà prévues, les saisons sportives également et que la présentation d ‘un prévisionnel pourrait très bien avoir lieu ! Pourquoi un tel défaut d’information ?

 

Ce Rapport traduit aussi, et trahit, une autre aberration.

Ce stade est censé être, comme son nom l’indique, un grand équipement public sportif. Or, on constate qu’il a accueilli en 2018, 26 matchs de football et 105 évènements d’entreprise !

Ce stade rempli à seulement 35% de sa capacité devient en fait un nouveau Palais des Congrès privé, largement financé par la Collectivité.

C’est d’ailleurs ce qu’est venu expliquer, avec une dose de cynisme, Christophe Pierrel, Président de SBA, aux élus de la commission de contrôle de Bordeaux Métropole, le 15 octobre dernier :

« Les redevances versées par la collectivité ne couvrent pas les frais réels des matchs du club résident » , a-t-il dit.

Il estime à 27 000 € /match le cout supporté par SBA pour FCGB.

Ainsi, l’accueil prioritaire des matchs du FCGB pénalise l’action commerciale propre à SBA (concerts, évènements, etc)

« On a presque intérêt à ce que l’équipe ne monte pas trop pour ne pas accueillir la coupe d’Europe » a même indiqué Christophe Pierrel, Président de SBA.

On ne peut plus clairement avouer que l’aspect économique et financier prend le pas sur l’aspect sportif, ce qui trahit le peu de considération de l’équipe SBA pour l’équipe des Girondins et pour ses résultats.

C’est d’autant plus étonnant qu’on nous avait annoncé que de meilleurs résultats sportifs permettant de mieux remplir le stade pouvaient être une porte de sortie pour améliorer la rentabilité du stade.

 

Je pourrais parler longuement du bilan carbone du stade qui est catastrophique, et on constate pour 2018 une hausse des émissions de CO2 par spectateur qui passent de 9 000 T de CO2 en 2017 à 11 000 T en 2018, soit  de 12 à 17kg de CO2 par spectateur .

Le rapport précisant que 75 % des consommations d’énergie du stade sont réalisées hors jours de match.

Au moment où nous demandons à nos concitoyens des efforts pour limiter leurs émissions de CO2, au moment où nous nous sommes dotés d’un Plan Climat faisant de la réduction de nos émissions de GES une priorité, pouvons-nous accepter de notre partenaire SBA un tel incivisme climatique ?

Enfin, il est clair que SBA est dans une impasse et n’a d’autre choix que de s’orienter ou bien, vers une recapitalisation, ou bien, vers une renégociation du contrat avec demande d’augmentation de notre participation financière.

C’est ce qu’a clairement précisé indiqué Christophe Pierrel, Président de SBA, le 15 octobre , marquant sa préférence, naturellement,  pour la 2° option.

Il nous faut clairement écarter cette deuxième possibilité, en exigeant une recapitalisation mais tout en gardant présent à l’esprit l’alerte que nous a donné la Cour des Comptes en 2017 en écrivant que : « le risque d’une renégociation profonde du contrat, voire d’une dénonciation, ne peut pas être écarté si les groupes actionnaires devaient recapitaliser d’exercice en exercice ».

Et on les sait peu enclins à privilégier cette option couteuse.

Cela signifie clairement que la future majorité de notre assemblée métropolitaine devra sans doute envisager cette hypothèse de la dénonciation du contrat par l’exploitant SBA et la fin du PPP et acter, après les élections, cela va en rassurer beaucoup ici, le fiasco final et prévisible du PPP du grand stade.

Je dois vous avouer que nous faisons partie de ceux qui se préparent à ce dénouement avec des idées précises très constructives dont nous débattrons ici en 2020 ou 2021.

Je vous remercie,