Intervention de Pierre Hurmic
Monsieur le Président, Mes chers collègues,
J’aurais beaucoup de remarques concernant ce vaste rapport de notre délégataire transports, qui de manière générale sont plutôt positives concernant l’efficacité et l’attractivité de notre réseau de transports en commun.
J’aimerais seulement en mentionner trois avant de vous soumettre trois remarques plus globales sur notre politique de mobilités :
- Nous regrettons les problèmes de billettique qui nous paralysent depuis maintenant plus d’un an et qui ne nous permettent pas toujours d’avoir des chiffres précis ni de lutter efficacement contre la fraude dont le taux a beaucoup augmenté cette année. En termes de visibilité et de compréhension pour nos usagers, cela devient très compliqué. Les usagers voire même les chauffeurs de bus s’agacent de cette situation, c’est très regrettable et nous espérons un prompt rétablissement des choses.
- La seconde remarque : Etant donné les mauvais chiffres en termes de vitesse commerciale de notre réseau, il faut, à notre avis, envisager la suppression des arrêts de tramway qui sont trop proches les uns des autres et qui pourraient être supprimés sans pour autant que les usagers perdent en qualité de service. La vitesse commerciale et potentiellement la fréquence en serait même bénéficiaire. cette proposition me semble d’ordre à significativement augmenter la vitesse tout en étant peu couteuse.
- Ma dernière remarque concernant notre réseau concerne la publicité. Keolis nous a dit en commission transports qu’il existe une charte éthique à propos des publicités qui peuvent ou non être apposés sur notre réseau de transports. Or j’ai pu voir à l’arrière des bus des publicités pour la compagnie aérienne HOP qui ringardisaient la LGV en la qualifiant de « train train » et qui appelaient à prendre l’avion. J’aimerais seulement rappeler que nous avons largement co-financé cette LGV afin d’offrir à nos citoyens un moyen de transport rapide et peu émetteur de gaz à effet de serre. Nous regrettons que ce type de publicité puisse figurer sur notre réseau TBM.
J’ai également plusieurs propositions plus globales sur notre politique de mobilités à vous soumettre :
Pour les raisons que nous connaissons, nous cherchons à diminuer l’impact de la voiture dans les villes. De façon concomitante, nous observons une thrombose de plus en plus avérée de nos transports en commun. Et les événements récents, en particulier le retard pris pour la mise en place du BHNS ne nous conforte pas dans l’idée d’une amélioration rapide de la situation.
Ainsi, de nouvelles alternatives sont à trouver, et j’en développerai trois :
Tout d’abord, un angle qui me semble tout à fait intéressant est la réflexion autour des temps de la vie et de la création d’une agence des temps.
D’autres métropoles, dont Lille et Rennes, ont engagé des diagnostics et ont mis en place ce type de réflexion afin de rééquilibrer les trafics dans le temps, voire d’en diminuer le volume.
Ainsi j’appelle à ce qu’une réflexion soit lancée sur le phénomène des heures de pointe qui est un problème majeur en termes de mobilité sur la métropole.
Cette réflexion peut avoir différents aspects : renforcement du télétravail, décalage des horaires des salariés, promotion du covoiturage, informations aux agents…
Il pourrait également être envisagé un partenariat avec les universités de la métropole afin de traiter ce vaste sujet sous l’angle de la mobilité mais aussi de l’optimisation des équipements et des services.
A mon sens une vraie réflexion doit s’engager à ce sujet !
Mon deuxième point concerne la possibilité de renforcer la multimodalité entre voiture venant de la périphérie et transports en commun.
Nous l’avons lu dans le rapport du délégataire, la fréquentation de nos parcs relais augmente chaque année et plusieurs parcs relais ont un taux de remplissage supérieur à 100%.
Il nous faut d’urgence voir plus grand concernant les parkings de délestage afin que les voitures basculent en amont de l’agglomération vers les transports publics.
Ainsi je propose deux choses : l’accélération de l’agrandissement de certains parkings existants, et je sais que nous aurons bientôt une discussion au sujet du parking relais Buttinière. Mais aussi la création de grands parkings de délestage automobile en extérieur de la rocade afin que les voitures ne pénètrent pas en intra-rocade.
Cela se fait déjà dans d’autres villes européennes, je pense à Bruxelles par exemple qui a construit 7 grands parkings autour de son « ring », tous liés à une offre de transports en commun rapide (métro ou tram) et qui permettent d’éviter aux voitures de traverser les villes. Aujourd’hui, la plupart de nos parcs relais sont déjà trop proches du centre ville !
Enfin mon dernier point, nous l’avons lu dans le rapport concernant les assises de la mobilité qui a été discuté hier au bureau de cette institution, la circulation est fortement congestionnée sur la rocade. Au delà de créer des bouchons sur cet axe de voies rapides, elle entraine également une congestion des autres axes secondaires même jusqu’au centre de Bordeaux.
La chimère du grand contournement réapparait aujourd’hui. Or, diminuer le trafic tout en créant de nouvelles voies aura, comme c’est toujours le cas, un effet contreproductif avec d’autant plus de voitures qui circuleront et contribuera à l’étalement urbain.
D’autant plus que rien n’obligera les camions de prendre ces barreaux routiers !
Par conséquent, je souhaite rappeler la proposition qui avait été faite par le groupe écologiste dès 2013 par le voie d’une motion votée à la majorité et que nous avons répété plusieurs fois d’interdire la circulation aux poids lourds aux heures de pointe sur la rocade. Je vois que cette proposition a été reprise dans le rapport du bureau. Je m’en félicite et espère vraiment que cette solution va être envisagée et mise en œuvre rapidement afin d’améliorer les mobilités du quotidien, qui, je le rappelle, représentent 98% des déplacements des Français.
Je vous remercie.