Monsieur le Président, Mes chers collègues,
En tant que Vice-président en charge de la Nature, j’aimerais ajouter un mot concernant ce dossier.
Alors que le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité était discuté cette semaine à l’Assemblée Nationale, l’enjeu de la biodiversité et des zones humides, n’a jamais été autant d’actualité.
En effet, le projet de loi, dans son état actuel consacre les sols au rang de patrimoine commun de la nation et souhaite inscrire dans le marbre le principe de compensation et le tryptique éviter/réduire/compenser. Pourtant il me semble important de changer notre grille de lecture. Compenser, c’est déjà abdiquer. Aujourd’hui il y a un consensus scientifique : la sixième extinction de masse est en cours… pour être concret, le rythme de disparition des espèces est de 100 à 300 fois plus rapide que le taux naturel d’extinction attendu. Contrairement au climat où l’on peut imaginer des évolutions jusqu’à la fin du siècle, il existe des scénarios extrêmement violents sur l’impact que ces disparitions peuvent avoir à l’horizon 2025-2030 aussi bien sur l’industrie, l’agriculture, la santé ou l’eau.
Or les zones humides en particulier, sont des éléments majeurs de protection biologique, mais aussi environnementale et climatique, nécessaires à la résilience des territoires.
- Elles sont sans conteste un important réservoir de biodiversité permettant la reproduction, le refuge et le repos des animaux, indispensable à la continuité biologique dont nous faisons partie.
- Elles jouent également un rôle d’éponge absorbant les excès d’eau de pluie, et nous avons vu ces derniers temps comment cela peut être utile en cas de pluie forte et prolongée sur certains territoires pour éviter des crues. Ce rôle d’éponge à l’effet inverse en cas de sécheresse ou elle permet de retenir et de restituer l’eau dans les milieux naturels pour soutenir le débit des cours d’eau.
- Enfin, les zones humides régulent le climat en ayant une influence sur les précipitations et la température grâce à l’évapotranspiration.
En France, plus de 50% de la surface des zones humides a disparu entre 1960 et 2010. Entre 2000 et 2010, 47 % des zones humides se sont dégradées et leur surface a encore régressé.
Pouvons-nous nous passer de toutes ces fonctions exercées par les zones humides ? Je ne le crois pas. Penser une métropole millionnaire dans un environnement sur-artificialisé serait une erreur importante.
Les espaces naturels, au delà de leur valeur intrinsèque, engendre des aménités positives pour notre territoire. Bordeaux Métropole doit penser ces espaces comme des atouts à valoriser et qui participent à l’attractivité de notre territoire. En termes d’urbanisme, les logements proches d’espaces naturels ont une valeur plus importante. C’est également un argument touristique fort à mettre en avant pour étoffer notre offre touristique.
Dans le PLU que nous aurons bientôt à voter, pour 50% du territoire de la Métropole, il s’agit de zones « nature ». Dans l’optique de la stratégie « nature » en cours de réalisation, ces espaces doivent être conservés suivant leur degré d’intérêt écologique et biologique. En aucun cas, des zones humides, à fort potentiel écologique et biologique, ne devraient être urbanisées, quant bien même elles seraient « dites » compensées.
Cela ne nous empêche aucunement de créer et de mettre en place de nouveaux projets, tant que nous sommes assurés de la non dégradation du milieu par le projet.
Les zones humides sont avant tout des zones utiles alors ayons une longueur d’avance : restaurons les et préservons les.