Avis sur la motion pour le maintien des emplois aidés dans la Métropole Bordelaise
(par le groupe EELV)
La rentrée scolaire 2017 s’est ouverte sur la mauvaise nouvelle du gel des contrats aidés, décidée en plein mois d’août et qui est un coup dur porté avant tout pour les publics concernés sans emploi en parcours d’insertion et aussi aux collectivités territoriales et aux associations
Ces contrats aidés, dispositif certainement perfectible, agissaient comme un tremplin vers l’emploi pour des personnes qui en sont trop souvent éloignées (sans qualification, personnes en situation de handicap…) et contribuaient au dynamisme du secteur associatif notamment (secteur déjà déstabilisé par les baisses des subventions publiques).
La décision du gouvernement aura des conséquences sur le service public local, le fonctionnement des associations, et mettra à mal des publics déjà fragiles : c’est donc la cohésion sociale même de nos territoires qui est fragilisée.
Contrairement à ce qu’affirme la Ministre du Travail, les emplois aidés sont plutôt efficaces en matière de retour à l’emploi pour les personnes qui en bénéficient. Avec un taux d’accès à l’emploi de 52 % dans le secteur non marchand pour les moins de 28 ans, ils dépassent de nombreux autres dispositifs d’insertion par le travail. C’est aussi le constat de la DARES (direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques), pour qui les emplois aidés ont un réel impact sur la dynamique de création d’emplois, notamment dans le secteur non marchand.
L’autre argument avancé par le gouvernement est le coût supposé onéreux de ces contrats, de 7000 à 10 000 euros par emploi, par an, mais qu’en est-il d’autres mesures telles que le CICE dont les impacts sur l’emploi ont été estimés à 100 000 créations de postes pour un budget de 17,2 milliards d’euros en 2014, soit 286 000 euros par emploi sans que ce dernier ne soit remis en question !
Le gouvernement est en droit de revoir un dispositif largement perfectible, mais il ne peut pas agir seul et de façon aussi radicale. Combien de personnes vont être brutalement renvoyées au chômage du fait de cette décision dogmatique ? combien d’actions d’utilité sociale sont interrompues au détriment de la valeur ajoutée qu’elles garantissaient pour des publics en difficulté (je pense à l’éducation par l’accompagnement à la scolarité , aux actions de protection de l’environnement , aux liées à la santé et au bien être de personnes vulnérables , je pense aux structures d’économie sociale et solidaire..etc..
Ce débat mériterait une discussion de fond sur l’emploi, les dispositifs d’insertion et l’avenir du service public et du secteur associatif. Les bénéficiaires et leurs employeurs ne doivent pas faire les frais de décisions brutales, qui mettent à mal les équilibres financiers et territoriaux, précipitant des publics déjà en difficulté dans le chômage, sans dispositions transitoires.
Dans l’immédiat, nous espérons que les démarches initiées pour débloquer un certain nombre de renouvellements et d’embauches prévus pour la rentrée et l’automne aboutiront, en particulier concernant les quartiers Politique de la ville.
___________________________________________________________________________________________________________________
Le texte de la motion :
Motion en faveur d’un maintien des emplois aidés sur la Métropole Bordelaise
(adoptée à l’unanimité en conseil de Métropole du 29 septembre 2017)
Nous tenons à attirer l’attention de l’assemblée métropolitaine sur la décision gouvernementale de l’été de réduire les emplois aidés de 150 000 postes d’ici fin 2017, puis de 100 000 postes supplémentaires pour 2018.
Aujourd’hui, nous exprimons notre vive inquiétude quant à la disparition quasi mécanique de l’emploi chez de nombreux acteurs associatifs – vecteurs essentiels de cohésion sociale, pour des entreprises solidaires porteuses d’innovations socio-économiques et de manière plus large pour l’ensemble du secteur de l’Economie Sociale et Solidaire (2820 employeurs sur l’agglomération).
La suppression d’un nombre important d’emplois aidés sur la Métropole bordelaise – près de 1000 personnes concernées d’ici les 4 prochains mois – fragilisent considérablement ces forces vives qui œuvrent quotidiennement au développement économique et social de nos quartiers, dans des domaines essentiels tels que le scolaire, l’animation sportive et culturelle ou encore tous les services à la personne et l’aide sociale de proximité.
Ce sont donc aussi bien nos écoles, clubs sportifs, régies de quartier ou maisons de retraite qui subissent directement cette baisse brutale. Quid du maintien des services publics et de la solidarité territoriale ?
Il importe également de souligner que les emplois aidés font partie intégrante d’une politique de l’emploi et d’insertion qui mérite largement d’être soutenue au regard des taux de chômage encore trop élevés dans nos territoires.
Les emplois aidés permettent d’offrir contrat de travail, formation et accompagnement à des personnes éloignés de l’emploi depuis plus de trente ans. Les abandonner, c’est nier à la fois des réalités humaines et précariser de surcroît les personnes les plus fragiles. C’est aussi déposséder les collectivités locales de leurs capacités à insérer professionnellement des personnes sans emploi.
Pour ces raisons, nous demandons :
- que le Conseil de Bordeaux Métropole soutienne une position de défense des emplois aidés indispensables au fonctionnement de nos associations et territoires,
- d’engager des discussions avec les services de l’Etat pour une sauvegarde du maximum de ces emplois sur notre métropole, prioritairement dans les secteurs d’intervention politique de la ville.