Au sein de l’ordre du jour du conseil du 27 septembre 2019, deux dossiers particulièrement délicats pour notre agglomération ont alimenté l’essentiel des débats :
1/ L’approbation d’un protocole d’accord avec FAI, la Région, le Département et la commune de Blanquefort en lien avec la fermeture du site industriel de Ford Aquitaine Industries,
Pierre Hurmic est intervenu au nom du groupe écologiste :
Nous constatons et déplorons que notre marge de manœuvre dans ce dossier se soit avérée assez limitée. Nous devons acter aujourd’hui la conclusion d’un feuilleton économique en plusieurs épisodes, largement subventionné par les collectivités publiques avec plus de 40 millions d’euros distribués par les uns et et les autres. Il est indéniable que nous sommes face à un acteur économique, Ford, qui a fait preuve d’une réelle mauvaise volonté dans ce dossier, en refusant notamment les différents repreneurs qui se présentaient. Il ne fallait néanmoins pas non plus se bercer d’illusions, nous étions face à un acteur économique, dont l’empathie, l’attachement au territoire, la reconnaissance vis à vis de ses travailleurs qui ont si longtemps animé le site ne font visiblement pas partie de son ADN.
Aujourd’hui nous ne pouvons qu’acter ce protocole d’accord, il n’y a pas de plan B…
Sans mettre de côté le caractère tragique des disparitions d’emplois qui sont corrélés, il nous faut désormais nous pencher sur l’avenir. Il faut dès aujourd’hui penser à la reconversion du site, en tenant compte de nos erreurs passées. Erreurs que nous avions pointées à plusieurs reprises.
Notre territoire doit avoir une véritable stratégie industrielle, en commençant par une diversification industrielle mais aussi anticiper les marchés futurs pour se positionner sur des filières d’avenir tout en s’appuyant sur des savoir-faire locaux.
Au nom du groupe écologiste, Pierre Hurmic a approuvé l’approche préconisée pour le devenir de ce site, à savoir celle d’un Appel à Manifestation d’Intérêt, à condition d’être particulièrement vigilant, et notre groupe le sera, à ce que les entreprises et industries qui s’installeront participent à la transition énergétique et écologique.
2/ Projet BAHIA – Mise en compatibilité du PLU
La délibération, bien que portant sur une mise en compatibilité du PLU pour une partie du projet BAHIA, a bien évidemment interpelé l’assemblée métropolitaine sur le projet BAHIA dans son ensemble.
Sylvie Cassou-Schotte s’est efforcé de synthétiser la position du groupe écologiste métropolitain sur ce dossier si complexe.
Ce débat, pour nombre d’entre nous, quelle qu’en soit l’issue, ne nous satisfera pas pleinement. Tout d’abord parce que les dés sont en quelque sorte déjà jetés, que la métropole n’a aucune compétence en matière de santé publique et qu’il y a une absolue nécessité aujourd’hui à garantir l’accès aux soins dans ce secteur sud de l’agglomération, à permettre rapidement à BAHIA de faire sortir de terre l’hôpital civil et militaire pour maintenir tous les emplois. Je salue ici ses représentants des personnels auxquels je veux témoigner notre soutien et notre solidarité pour toutes les inquiétudes et préoccupations qu’ils subissent depuis des mois et des mois dans l’attente de voir enfin concrétiser un projet auquel ils croient et qu’ils défendent très légitimement.
Pas plus que vous, nous ne sommes satisfaits de l’évolution de ce dossier parce que nous nous trouvons là, nous élus métropolitains, dans une situation de chantage imposé par l’Etat qui se désengage toujours plus et qui se lave les mains d’un risque d’une offre de santé amoindrie, dans une métropole en pleine croissance démographique.
Nous avons lu avec attention l’ensemble du dossier. Nous avons longuement échangé avec l’ensemble des parties prenantes du projet et nous sommes très partagés.
Le projet BAHIA n’est pas un mauvais projet en soi. Ce n’est pas le projet rêvé par beaucoup d’entre nous, à savoir la création d’un établissement public de santé sur le site de Robert Picqué, mais ce n’est pas un mauvais projet. Ce projet préserve une offre de santé conventionnée au sud de l’agglomération, adossée à une Fondation reconnue d’utilité publique qui , nous le savons repose sur un socle de valeurs que nous partageons et saluons. Ce projet maintient et développe les services d’urgence (de 28 000 passages par an à 40 000 demain), renforce l’activité consultations et optimise les logiques de parcours de soin.
Néanmoins c’est un projet qui souffre de beaucoup de failles/lacunes pour obtenir son acceptation par les riverains, une partie de nos concitoyens qui ont été nombreux à l’exprimer , et nous en avons bien conscience. L’avis défavorable de la commissaire enquêtrice y revient d’ailleurs en interrogeant le bien fondé du choix initial entre les 2 sites, ce qui n’était certes pas la question posée dans cette enquête publique mais qui demeure LA question fondamentale souffrant d’une concertation préalable . C’est ce qui a conduit à une forte mobilisation citoyenne que nous ne pouvons ignorer. Dans son avis, elle pose également un certain nombre de questions légitimes sur l’insertion de ce projet dans le site de la Route de Toulouse déjà bien congestionné.
Cependant, dès lors que l’Etat s’est inscrit dans la posture de refuser de convertir le site Robert Picqué en établissement public de santé et d’investir les fonds nécessaires dans un projet 100% public, il a placé les différents acteurs dans l’engrenage d’un projet complexe en devant sa survie et sa faisabilité financières à des opérations immobilières (projet Bahia 1, John Bost, et Cogedim), aujourd’hui contestées pour diverses raisons.
En somme , force est de constater qu’une grande partie de ce projet a été guidé essentiellement par un Etat plus préoccupé par des intérêts financiers et économiques que par un projet sanitaire et urbain structurant pour l’ensemble de la métropole et le département auquel tente d’y répondre aujourd’hui 2 fondations .
Le pilotage de ce dossier aurait pu être à notre sens différent. Tout d’abord à travers une meilleure information en amont du projet sur les avantages et inconvénients des 2 sites avec un Etat qui assume ses véritables motivations, à savoir une économie annuelle pour le Budget de l’Etat estimée à 3 millions d’euros.
Mais également à notre échelle nous aurions pu éviter des situations administratives ubuesques comme celle que nous examinons aujourd’hui, à savoir la modification d’une fiche patrimoniale du PLU, elle-même révisée en 2016, alors que le projet Bahia était déjà bien connu, et qui nous conduit aujourd’hui à regarder le grand projet BAHIA sous le seul prisme de la modification du PLU.
Ce projet sanitaire et urbain structurant pour l’ensemble de la métropole et le département aurait également pu être accompagné différemment. Il le peut encore à notre sens, et ce de deux manières :
– Tout d’abord en appréhendant avec plus de transparence et de concertation avec la population le devenir du foncier de Robert Picqué, ceci afin de nous rassurer comme les riverains sur la préservation d’un poumon vert sur ce site notamment
– Enfin, pourquoi pas en imaginant un possible engagement plus important de la métropole sur le volet foncier, comme nous vous l’avons proposé M. le président, en permettant ainsi d’éviter l’opération immobilière COGEDIM, source là aussi de nombreuses inquiétudes quant à son insertion dans le bâti existant et sur la route de Toulouse.
En conclusion, beaucoup de failles et de ratages dans ce dossier (de l’absence de concertation en amont du projet sur le choix du site, de la modification d’un PLU à une phase importante du projet, du trop faible investissement de la métropole dans ce projet sur la partie foncière, et surtout , surtout , surtout de l’abandon et du désengagement de l’Etat dans un domaine aussi crucial que la santé …).
C’est pourquoi dans ce dossier mal engagé dès le départ, notre groupe ne votera pas unanimement pour ce projet d’intérêt général, certains d’entre nous préférant s’abstenir sur cette délibération pour marquer notre désaccord sur le rôle et l’abandon de l’Etat dans cette affaire et déplorer la privation d’une véritable concertation démocratique sur le choix du site, aucun ne souhaitant néanmoins mettre en péril la perspective d’une offre de soins conventionnée sur ce secteur.
Par ailleurs, deux autres thématiques sont venues ponctuer les débats de ce conseil métropolitain du mois de septembre :
1/ les mobilités à travers la présentation du rapport délégant Transports de l’année 2018 et la présentation des modalités de préparation du plan de développement de l’usage des modes doux 2021-2024
Ce fut l’occasion pour le groupe écologiste, par la voix de Pierre Hurmic, de regretter le manque de volontarisme politique en matière de développement du vélo et de la marche à pied :
Depuis le début du mandat, nous avons demandé ici en conseil la réalisation d’un plan piéton. On nous a répondu à chaque fois que nous étions trop impatients et que ça allait arriver. Aujourd’hui, on préfigure un plan pour la prochaine mandature. C’est-à-dire que ce plan arrive à la fois bien trop tard : Pourquoi vouloir l’annoncer aujourd’hui à 6 mois des élections, alors que nous pouvons plus vraiment nous engager ? Mais aussi bien trop tôt : nous allons aujourd’hui voter ce plan tout en admettant, comme il est écrit dans cette délibération qu’il faudra « interroger les nouveaux exécutifs communaux à partir de mars 2020 »…
(…) Quant à la partie « vélo » de ce plan modes doux, on retrouve dans la délibération les mêmes intentions que celles votées en 2016 lors de l’adoption du 2ème plan vélo puis que celles votées cette année lors du bilan du plan vélo, avec de surcroit les mêmes illustrations tirées de Copenhague et encore une fois la proposition d’un voyage d’étude à Amsterdam ou Copenhague en 2020 alors que deux voyages à Copenhague ont déjà eu lieu au cours de ce mandat. => Combien de voyages à Copenhague faudra-t-il pour comprendre que le vélo est bon pour la santé, diminue la congestion, permet de se réapproprier l’espace public et que par conséquent, les modes doux sont une priorité en termes de déplacements ?
Arrêtons maintenant les déclarations d’intentions et passons à l’action : la réalisation des vélo-routes, la résorption des discontinuités etc, ce n’est pas ici dans les discours au conseil que cela sera jugé, mais dans la rue, là où les itinéraires sécurisés et sans discontinuités manquent toujours cruellement !
De même, Pierre Hurmic a dénoncé un problème de méthode dans notre politique de développement de l’offre de transports en commun :
Nous devons partir de l’analyse des besoins, définir nos priorités et notre stratégie avant de déterminer le mode de transport qui sera le plus adapté à chaque projet.
Ne concentrons pas exclusivement notre réflexion sur une démarche qui ne se préoccupe quasi exclusivement que des infrastructures mais fait fi de la réflexion sur les usages.
2/ la question des squats à travers 2 délibérations, l’une renforçant les missions de médiation du GIP Médiation et l’autre marquant un pas supplémentaire vers la création d’espaces et de logements temporaires d’insertion
Sylvie Cassou-Schotte est revenue bien évidemment sur l’actualité des dernières semaines avec de nombreuses expulsions, une forte mobilisation citoyenne et associative, et de nouveaux lieux désormais investis par ces populations en quête de logement. Tout en saluant le pas en avant de la Métropole sur le sujet à travers la mise en place progressive de la Mission squats, elle a fait état des regrets du groupe écologiste quant au temps administratif et politique particulièrement lent au regard des enjeux humains qu’il y a derrière tous ces chiffres, tout comme elle a regretté de ne voir encore que 3 villes sur 28 engagées dans la démarche !
Elle a remercié, au nom du groupe écologiste, le président de Bordeaux Métropole, de tenir bon quant au droit fondamental de l’accès à l’eau pour ces personnes en très grande précarité, dans un contexte d’une grande fermeté du côté des services de l’Etat.
La Mission squats répond aujourd’hui à des besoins clairement identifiés par les différentes communes, des besoins assumés à ce jour en grande partie par leurs CCAS. Elle s’inscrit dans l’échec d’une politique nationale qui gère l’urgence dans l’urgence et qui ne fait pas face à ce qui relève pourtant de ses compétences.
Sylvie Cassou-Schotte a évoqué enfin la problématique spécifique des travailleurs saisonniers que notre région viticole connaît particulièrement en cette période de vendanges. Ces travailleurs, pour un grand nombre, sont issus d’Europe de l’Est et sont recrutés via des agences intérimaires pour les faire travailler sur des propriétés viticoles souvent hors métropole. Or, nous constatons dans nos communes à cette occasion une hausse des demandes de domiciliation car fort logiquement ces personnes, parfois en famille, cherchent à se rapprocher des services qu’offre la métropole.
A notre sens il est urgent qu’un dialogue se mette en place avec le département et les services de l’Etat comme la DIRECCTE sur cette question qui engendre bien souvent de l’hébergement précaire voire insalubre pour ces travailleurs migrants.
– Pesticides –
A l’occasion de ce conseil métropolitain de rentrée, le groupe écologiste a souhaité proposer à l’assemblée métropolitaine un voeu afin de déclarer Bordeaux Métropole « Territoire anti-pesticides », ce voeu faisant suite à l’adoption par les villes de Parempuyre et de Bègles d’arrêtés anti-pesticides. Malheureusement, la présentation de ce voeu nous a été refusé. Il s’agissait, outre le fait de déclarer Bordeaux Métropole « Territoire anti-pesticides », de :
- Soutenir les maires adoptant des arrêtés « anti-pesticides ».
- Demander à l’Etat d’amplifier ses aides à la conversion et au maintien à l’agriculture et à la viticulture biologiques.
- Demander à l’Etat l’interdiction sans délai du glyphosate, aujourd’hui programmée au 1er janvier 2021.
Le groupe EELV est depuis longtemps engagé dans la lutte contre les produits phytosanitaires et la recherche de solutions pour protéger la santé des citoyens tout en accompagnant la filière viticole dans le changement. Ainsi en juin 2018, le groupe écologiste avait écrit à toutes les propriétés viticoles de la métropole pour initier un dialogue et appeler à la conversion biologique de ces exploitations.