Coopération entre Bordeaux Métropole et la communauté d’agglomération du Libournais – protocole cadre de coopération 2017-2020
Monsieur le Président,Mes Chers Collègues,
Notre groupe ne peut qu’approuver la mise en place d’un dialogue avec nos territoires voisins, qui plus est lorsque les liens sont aussi étroits et évidents que dans le cas précis de la communauté d’agglomération du Libournais. Les possibilités de synergies sont en effet nombreuses et diversifiées avec cette agglomération située à 20 minutes en train seulement de la gare de CENON et avec laquelle nous partageons de nombreux enjeux en termes de mobilité et de logements notamment.
La lecture de ce protocole cadre de coopération appellera toutefois plusieurs remarques de notre groupe.
1/ Tout d’abord nous rappelons que nous avons toujours été favorables à une approche coopérative dans l’aménagement du territoire en opposition à une logique dominante de compétition qui laisse trop de territoires sur le banc de touche.
Nouer un dialogue avec les autres territoires est un impératif pour que la métropole « ne capte pas tout » et ne soit pas synonyme d’un « assèchement » de la population et de l’emploi dans les villes moyennes et les campagnes environnantes. Tout comme il s’agit d’un impératif pour lutter contre l’étalement urbain et les désordres urbains liés à l’hyperconcentration des activités.
En s’étendant de plus de 50 % en moins de 20 ans, l’aire urbaine de Bordeaux totalise de fait le million d’habitants, soit un tiers de la population régionale et fait face à des enjeux importants en termes de développement économique, de logement, de déplacements, d’approvisionnement. Les nouveaux espaces de projet dépassent largement les frontières administratives et reposent aujourd’hui sur des bassins de vie redessinés par les pratiques résidentielles et les mobilités quotidiennes.
2/ Cette approche coopérative doit toutefois à notre sens dépasser la seule recherche d’intérêts mutuels entendus avec des territoires qui nous ressemblent ou qui sont déjà acteurs des dynamiques territoriales à l’œuvre avec la métropolisation.
Si la pertinence des dialogues noués ou projetés jusqu’à présents ne fait aucun doute (Libourne et le Bassin : transports/ urbanisme, La Rochelle et Pays Basque : façade atlantique, Poitiers et Angoulême : LGV), il serait particulièrement regrettable de laisser de côté les oubliés de « l’archipel ferroviaire à grande vitesse » et notamment les territoires constitutifs du dénommé « arc de pauvreté » (du Médoc à Agen) : Lesparre, Langon, Marmande, Agen…
A cet égard, nous nous étonnons que ce type de démarche s’opère de manière bilatérale, sans associer notamment d’autres acteurs clés comme le département. Ou est-ce à dire que la philosophie affichée est bien de constituer une organisation territoriale à deux vitesses : la métropole et ses partenaires connectés d’un côté et les territoires pauvres ou délaissés de l’autre ? A vrai dire, cela ne nous étonnera pas puisque cela rejoint la vision de l’aménagement du territoire tel que porté par les LGV, à savoir des métropoles reliées entre elles par la grande vitesse et des territoires intermédiaires traversés et exclus de la dynamique à l’œuvre.
Ce serait pourtant commettre une erreur historique que de se désintéresser de ces territoires ou de ne les percevoir que comme un gisement de ressources, un grenier destiné à approvisionner l’ogre métropolitain. Car en effet, les métropoles sont tels des géants aux pieds d’argile : de plus en plus incapables de loger leur habitants, dans la nécessité d’assouvir des besoins énergétiques et alimentaires croissants, soumises à des risques de congestion de plus en plus fréquente.
In fine, penser coopération dans l’aménagement du territoire, c’est mettre en œuvre l’un des fondements du développement durable : celui de se soucier de l’impact de nos propres décisions sur les autres territoires, qu’ils soient lointains ou proches.