Conseil du 9 novembre 2018 – Intervention sur la contribution métropolitaine au SRADDET
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CONSEIL du 9 novembre 2018
INTERVENTION de Sylvie Cassou-Schotte
Délibération relative à  la Contribution de Bordeaux Métropole au Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET)

Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues,

Le présent rapport a pour objet de préciser les attentes et propositions de la Métropole bordelaise à l’égard du contenu du futur Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité du territoire. Ce schéma ayant vocation à être prescriptif et à être traduit dans les SCOT et PLU, ses enjeux ne sont pas anodins, aussi nous souhaiterions prendre le temps de revenir sur plusieurs items de la contribution métropolitaine.

Concernant les objectifs de développement équilibré du territoire
Cette contribution revient à plusieurs reprises sur le phénomène de métropolisation et les risques de concurrence et de fracture territoriales qu’il engendre. Conscients de ces enjeux, nous approuvons bien évidemment la proposition de la Métropole de prendre une part active dans la construction de nouveaux équilibres territoriaux.
Toutefois, si nous partageons les constats énoncés, certains éléments nous interrogent ou nous interpellent quant aux attentes métropolitaines exprimées, parmi lesquelles une certaine dichotomie entre des enjeux bien compris et des propositions qui demeurent dans la continuité de ce qui précisément génèrent les dysfonctionnements d’aujourd’hui.
Le volet économique en est une illustration flagrante. Ainsi, tandis que le métropolisation se heurte à la fragilisation grandissante de nombreux territoires, y compris au sein même de la métropole, la proposition métropolitaine demeure axée sur le renforcement des polarités économiques existantes, des OIM et autres pôles d’excellence. La persévérance de certains maires aura certes permis l’introduction d’une référence dans le texte aux quartiers politique de la ville, mais le projet de territoire tel que rédigé ici semble dresser deux chemins parallèles : les pôles d’excellence pour les uns, l’ESS, les contrats aidés et l’aide à la création d’entreprise pour les autres. A cette vision binaire, s’ajoute le regret de ne pas voir mentionnés des enjeux tels que la reconversion industrielle, la requalification des zones commerciales, la mixité fonctionnelle. Des pans entiers de notre économie locale sont même oubliés, comme par exemple l’artisanat.
A notre sens, l’enjeu de l’égalité des territoires n’est donc pas pleinement pris en compte dans cette contribution.

Concernant les mobilités
C’est bien évidemment cet item qui pose éminemment problème aux écologistes, car tout en rappelant l’enjeu sanitaire et environnemental de la circulation routière, ce thème fait la part belle aux projets de maillages routiers de contournement et dresse des constats dont la rédaction est révélatrice d’une vision très datée : ainsi page 7 : « la rocade de Bordeaux est sous-dimensionnée », « important retard de notre agglomération en matière de capacité routière ».
Si bon nombre de propositions nous satisfont pleinement (billettique unique, droit à l’expérimentation tel que péages urbains, facilitation du covoiturage), celles-ci nous semblent antinomiques avec le retour en catimini d’un projet d’un autre âge : le grand contournement routier.
Certes le vocable a évolué dans cette nouvelle version de la contribution, mais il recouvre bien la même réalité et le même désir de répondre à la problématique, réelle, de l’engorgement de la rocade par de nouveaux tuyaux quand nous devrions nous concentrer sur l’évolution des usages et sur les contraintes à apporter au trafic routier de marchandises.
Outre l’aberration écologique de ces nouveaux barreaux routiers, envisager de reporter le trafic de transit sur les territoires périphériques consiste simplement à exporter nos externalités négatives sans résoudre le problème à la source.
De plus, nous rappelons que le trafic poids lourds représente entre 10 et 15% du trafic sur la rocade. Ce faisant nous n’aurons toujours pas réglé la question des déplacements pendulaires. A ce sujet, la contribution met en avant la proposition de cars express, tout en insistant sur le refus de toute obligation de créer des voies réservées à cet effet : or il faut être clair, sans voies réservées, cela ne fonctionnera pas !

Enfin, concernant la transition énergétique et climatique
Le volet consacré à l’énergie décline la volonté de la métropole d’aller vers une plus grande décentralisation de la politique de transition énergétique, ce à quoi nous souscrivons pleinement. Nous partageons des propositions avancées telles que la création d’un fonds d’investissement de projets citoyens et l’affectation d’une partie de la taxe carbone au volet transition énergétique du SRADDET.
Concernant la production énergétique, nous attirons cependant l’attention sur le fait que le gisement d’EnR ne se situe pas seulement sur les territoires ruraux, ce qui ne transparaît pas assez dans le document. Le solaire a par exemple un potentiel non négligeable sur les toitures de nos tissus urbains et économiques, ce que notre PLUi n’a pas su suffisamment insuffler à notre grand regret.
Concernant l’enjeu climatique enfin, nous regrettons que cette version finale ait été édulcorée par rapport aux versions précédentes. Sur l’artificialisation notamment, il n’est désormais plus question de la suspendre, mais de « limiter la consommation d’espace ». Nous rappelons pourtant que Plan Biodiversité a fixé un cap clair à travers le principe de zéro artificialisation nette des sols.

Il y a d’autres sujets sur lesquels nous aurions pu revenir également, tant le sujet est large, mais pour ne pas faire trop long, nous en resterons là et vous indiquons, monsieur le président, que pour l’ensemble de ces raisons, nous ne pouvons souscrire pleinement à cette contribution qui nous semble en deça des enjeux du territoire métropolitain et néoaquitain.

(Seul le prononcé fait foi)