Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues,
Cette délibération est l’occasion pour nous de nous féliciter des objectifs affichés de production de logements locatifs sociaux, 3754 logements en 2016 dont 1175 PLAI.
Ces objectifs s’inscrivent dans la dynamique amorcée depuis le mandat dernier et particulièrement depuis 2011. Ils sont conformes, voire même supérieurs aux objectifs du PLU 3.1 qui sera bientôt adopté.
Toutefois plusieurs bémols sont à apporter à ce satisfecit :
Dans un ordre croissant :
1/ La programmation projetée est inférieure aux objectifs présentés par le Préfet (4137 logements), mais il est vrai que nous sommes dans les clous de la tranche ferme. Dont acte.
2/ Plus ennuyeux : nous le savons, et c’est rappelé dans le rapport, un décalage important est à attendre entre le prévisionnel et la programmation arrêtée, de l’ordre du -25% à -30%. Nous serions alors dans une programmation inférieure aux objectifs du PLH.
3/ Nous avons eu connaissance il y a moins d’un mois des conclusions de la commission d’enquête sur le PLU 3.1. Sur ce volet, elles sont plutôt claires en recommandant aux communes « de se mettre en conformité avec les objectifs de la loi SRU et la production de LLS inhérents ». L’Etat et le comité régional de l’habitat et de l’hébergement ont émis le même point de vigilance afin « d’être cohérents avec l’estimation des besoins de la population et « d’être en adéquation avec les revenus de la population ». Tous deux ont insisté sur la nécessité que l’ensemble des communes s’inscrivent dans une démarche vertueuse sur le sujet.
Et c’est bien ce qui pêche encore aujourd’hui. Force est de constater que les communes déficitaires creusent leur retard et toutes ne produisent pas le même effort pour le rattraper… Si certaines comme Bordeaux font face à un défi quantitatif gigantesque, ce que l’on peut comprendre, ce n’est pas le cas de toutes les communes comme à Saint Aubin, Saint Médard, le Taillan et Villenave d’Ornon notamment ! Il est regrettable que toutes ne prennent pas toute leur part à ce défi.
Or, le logement, est un enjeu majeur qui doit constituer une de nos priorités. Le logement c’est aussi et surtout l’inscription dans un projet de vie pour nos concitoyens.
A cet égard, je vous invite, si vous ne l’avez pas fait, à lire le portrait intéressant de la situation du logement en France qu’a dressé cette semaine le quotidien économique Les Echos. Si je n’en partage pas toutes les conclusions, je me permettrais de faire référence à quelques données qui me semblent particulièrement pertinentes à l’heure d’examiner le dossier que nous nous apprêtons à voter.
Selon les chiffres de l’Insee, le logement constitue désormais 20 % des dépenses des ménages et 10 % pour l’alimentation. Soit l’inverse d’il y a 50 ans. Ce n’est pas nécessairement une bonne chose au regard des enjeux en terme d’alimentation saine et de qualité…
En quinze ans, le prix des logements rapporté au revenu disponible des ménages a augmenté de plus de 60 % en France, encore plus qu’au Royaume-Uni et bien plus qu’en Espagne (50 %), aux Etats-Unis (moins de 10 %) et en Allemagne (où ils ont baissé).
A Bordeaux, les prix de l’immobilier ont augmenté de +14,8% depuis 5 ans, +43% depuis 10 ans. Pour beaucoup il est désormais inenvisageable de demeurer sur Bordeaux, voire dans l’agglomération.
Je rappelle que l’enjeu du logement, c’est à la fois :
Un enjeu environnemental (étalement urbain)
Un enjeu économique (éloignement contraint des bassins d’emploi et frein au retour à l’emploi ou à la mobilité professionnelle)
Un enjeu social :
– c’est une source forte d’inégalités, entre les primo-accédants et les déjà propriétaires, entre les jeunes issus d’un milieu aisé et les autres (nombre de ceux qui achètent un bien immobilier pour la première fois le doivent à un don ou un héritage qui leur tient lieu d’apport personnel : 25 % en 2013 contre 20 % en 2002), entre les locataires eux-mêmes, etc.
– les conditions de logement influent sur le statut social et sur le ressenti. Les ménages dont les charges de logement sont inférieures à la moyenne – c’est-à-dire très souvent des propriétaires – dépensent plus dans les loisirs et les vacances. A salaire égal et logement identique, un propriétaire est moins stressé, moins déprimé et a moins peur du déclassement social qu’un locataire (cf. études du Credoc – centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Sans parler évidemment de tous ceux qui sont mal logés, ou non logés…
Pour paraphraser le journaliste des Echos, je me permettrais de reprendre sa formulation qui résume bien tout l’enjeu de la politique du logement et qui doit susciter toute notre vigilance : derrière la façade du bonheur, l’attractivité de notre agglomération notamment, il y a aussi l’architecture de bien des malheurs, et c’est ce à quoi nous devons nous atteler à travers une politique ambitieuse en matière de logement social.
Je vous remercie de votre attention.
Sylvie Cassou-Schotte, groupe EELV Bordeaux… par EELV_BxMetro