Intervention de Sylvie Cassou-Schotte
Monsieur le Président, Mes chers collègues,
Il nous est demandé à travers cette délibération d’approuver une actualisation du protocole cadre tenant compte des évolutions du programme de la ZAC Garonne Eiffel, ainsi que le principe de réalisation des équipements publics relevant normalement de la compétence métropolitaine.
C’est l’occasion pour nous de revenir sur deux sujets qui nous semble capitaux dans ce type de projet :
- la programmation des équipements publics
- et la mixité fonctionnelle.
Sur ce dernier point, nous n’y reviendrons pas longuement ici car cela a déjà été évoqué auparavant lors du débat sur la feuille de route économique : l’enjeu d’un développement équilibré de nos territoires est fondamental dans la lutte contre la thrombose de notre agglomération. Les projets économiques ne doivent pas se concentrer sur 2/3 grandes polarités et laisser d’autres territoires sur le banc de touche.
Concernant les équipements publics, nous rappelons que nous parlons à travers cette ZAC d’un programme de construction de 10 250 logements, soit une population totale de 20 700 habitants. Nous parlons d’une ville nouvelle, de l’implantation sur ce secteur de la rive droite d’une population quasi équivalente à celle d’Eysines ou de Lormont !
La délibération fait état de 3 groupes scolaires de 18 classes (avec une réserve foncière pour un 4ème groupe scolaire si cela s’avérait nécessaire). Sont évoqués également les autres équipements scolaires prévus : un collège, et une extension du Lycée Mauriac (cette dernière sera-t-elle suffisante, le Lycée étant déjà saturé ?). On nous annonce également une crèche sur Floirac, aucune information concernant le secteur de Bordeaux en revanche.
Mais quid des autres équipements fondamentaux pour une vie sociale apaisée et inclusive ?
- Quid des lieux de vie sociale? La délibération évoque quelques équipements sportifs (seront-ils suffisants ? on peut en douter…) mais rien sur des maisons de quartier, etc.)
- Quid des publics fragiles ou en insertion : foyers de jeunes travailleurs, résidences sociales ? Tandis qu’on s’apprête à construire une ville nouvelle, il ne serait pas aberrant d’intégrer dès aujourd’hui des structures répondant à des besoins déjà bien identifiés et qui ne faibliront pas demain, malheureusement.
- Quid de la prise en charge de nos aînés? la délibération évoque le fait qu’une partie des logements sociaux pourront être réalisés au travers de logements spécifiques type résidences étudiantes ou résidences personnes âgées financées notamment en PLS Structures. La ville de Bordeaux pourra même déduire l’intégralité de ces logements intervenant en augmentation du taux moyen requis de 35% de LLS du nombre de PLAI prévus par l’EPA.
Nous attirons votre attention sur les besoins énormes en termes de prise en charge du vieillissement dans notre agglomération comme ailleurs. Si une offre diversifiée est nécessaire, la marchandisation de ce secteur nous préoccupe et les résidences services (ce sont souvent des projets de ce type que l’on retrouve dans ces projets financés en PLS) ne peuvent, seules, apporter une réponse à l’hébergement des personnes âgées. Nous avons besoin d’EHPAD et de solutions de logement intermédiaire (béguinages, foyers-logements…) qui répondent à la solvabilité des aînés. Sur un quartier de 20 000 habitants, que prévoit-on en la matière pour tous ces publics qui aujourd’hui n’ont pas le choix, faute de ressources suffisantes, de places disponibles en structure, d’une dépendance trop ou pas assez importante, d’un handicap ?
Pour conclure, il nous semble qu’au regard de son ampleur, un tel projet urbain aurait mérité une délibération plus complète pour mieux appréhender la réalité de notre capacité collective à anticiper les besoins sociaux de la population à venir sur ce secteur.
Je vous remercie de votre attention.