Aides à la création de structures d’hébergement et d’habitat spécifiques – modification du règlement d’intervention
Conseil du 17 février 2017 – intervention de Sylvie Cassou-Schotte pour le groupe EELV
Monsieur le Président, chers collègues,
Cette délibération constitue un pas significatif dans l’implication de la métropole sur ce sujet complexe qu’est l’hébergement d’urgence et l’habitat spécifique. Derrière ce vocable, il s’agit bien de gérer et solutionner des situations particulièrement diverses et complexes, avec chacune ses spécificités, et appelant par conséquent des réponses adaptées et en aucun cas univoques.
Nous nous félicitons de ce volontarisme affiché pour l’amélioration de l’accueil des publics les plus vulnérables dans notre agglomération, dans un contexte où malheureusement les situations dramatiques se multiplient et où le nombre de sans logis atteint un niveau qui doit tous nous interpeller. Quelques chiffres : 5 300 ménages ont sollicité le 115 soit 7 3OO personnes , une centaine de demande par jour restent sans réponse et environ 7OO personnes se voient hébergées en hôtel . Nous observons aussi de plus en plus de migrants , des demandeurs de droit d’asile ayant fui des persécutions des conflits ou des situations socio-économiques compromettant leur avenir, de plus en plus de déboutés du droit d’asile qui font appel en étant sorti des CADA, des campements proches de bidonvilles occupés illégalement par des romps bulgares, et des évacuations de squats qui se poursuivent, comme hier à Pessac Alouette : autant de terribles réalités sociales et humaines auxquelles nous avons un devoir impérieux de répondre.
Je voudrai m’arrêter sur ce point . L’occupation illégale de sites privés ou publics n’est certainement pas acceptable , ni supportable pour ses propriétaires, pour les riverains, les collectivités locales… Mais il n’est pas plus supportable de voir multiplier des expulsions de familles avec enfants vivant dans des conditions d’extrême pauvreté comme hier à Pessac ; il n’est pas non plus supportable de voir supprimer des branchements et compteurs d’eau pour priver l’accès à l’eau des lieux de squats en obligeant les familles à s’approvisionner en eau pouvant être impropre à la consommation. Ne nous trompons pas de cible : ce ne sont pas les pauvres qu’il faut chasser, mais la pauvreté.
Je n’oublie pas toutefois qu’en matière d’hébergement d’urgence, il s’agit bien avant tout d’une répartition des compétences entre l’Etat et le département qui révèle des tensions oscillant entre prise en charge impérative des personnes en grande fragilité et les restrictions budgétaires imposant une dimension gestionnaire dans un secteur qui s’en accommode difficilement . A cet égard, les difficultés que nous rencontrons au quotidien, notamment le manque de coordination de l’Etat auprès de tous les acteurs concernés, ne facilitent pas la tâche. Par exemple, nous pouvons interroger la mauvaise gestion des budgets de l’état préférant payer des nuits d’hôtel plutôt qu’investir dans des hébergements adaptés.
Dans ce contexte, L’évolution de notre règlement d’intervention est un signe fort envers les communes : par sa contribution à l’investissement dans des structures d’accueil, la métropole entend ainsi impliquer les communes dans cette démarche de solidarité et faire que toutes contribuent à l’effort nécessaire en matière d’hébergement. Cependant, l’amélioration de l’équilibre territorial dans l’offre d’accueil par les communes ne doit pas contraindre les communes à tout prendre en charge , notamment les moyens pour garantir le bon fonctionnement de ces structures exigeant des moyens humains pour assurer l’accompagnement social. Nous souhaitons donc un effort de l’Etat et du département dans ce domaine.
Concernant la situation des Roms, nous sommes très satisfaits de l’envoi d’une délégation métropolitaine à Strasbourg : nous espérons que cela permettra d’entrevoir des pistes d’actions pour nous engager dans un processus de résorption de ces campements représentant une problématique importante dans certaines villes de notre agglomération.
Pour conclure, nous voyons au travers de ces divers engagements de la métropole, le signe d’une porte ouverte pour traiter les différentes situations en bonne intelligence, ce qui sous tend : le souci de respecter la dignité et d’assurer la sécurité et la mise à l’abri des personnes concernées, tout en apaisant les tensions qui peuvent émerger avec les populations riveraines ou non, souvent insuffisamment éclairées sur les problèmes que subissent ces publics en grande précarité. Toutes les belles solidarités dont nous pouvons être témoins nous confortent sur une volonté partagée par bon nombre de citoyens d’une société qui se doit de demeurer « ouverte » et respectueuse des droits de l’homme.