Conseil du 16 décembre 2016 – Feuille de route pour l’action économique de Bordeaux métropole – SRDEII
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Conseil de Bordeaux métropole du 16 décembre 2016

Feuille de route pour l’action économique de Bordeaux métropole – SRDEII – Décision – Approbation

Intervention de Pierre Hurmic
L’objectif de cette feuille de route est clair « permettre + 100 000 emplois à l’horizon 2030 », soit, sur 13 ans (nous sommes fin 2016), passer d’un rythme de 2 800 emplois créés par an (moyenne 2009-2015) à près de 7 700 emplois par an !

C’est un objectif très ambitieux mais essentiellement comptable et insuffisamment précis quant au secteur d’avenir des emplois concernés.

Beaucoup de généralités dans ce document :

Objectifs et partis pris d’intervention :
« BM doit être reconnue comme une amie des entreprises »
« L’action de BM doit être dédiée à la création d’emploi, en facilitant la croissance, la création et l’implantation des entreprises »
Quelle croissance ?
Quelles entreprises voulons-nous attirer ?
Les chasseurs de primes éphémères, les créateurs des emplois durables ?

Cette feuille de route se concentre exclusivement sur les emplois créés par les entreprises.
C’est une évidence mais quels emplois ?
Elle est peu ciblée sur les emplois émergents, les filières émergentes, les emplois de demain.
Ce n’est pas une vision réellement stratégique.

Dans les domaines d’activité à prioriser, figure en 5° et dernière place, la croissance verte, mais un paragraphe isolé de 10 lignes, creux , qui évoque la promotion d’expérimentations , certes innovantes, dignes d’intérêt , mais anecdotiques , par rapport à l’ampleur de la tâche : le test de collecte des déchets des navires de croisière et le site expérimental estuarien pour l’essai et l’optimisation d’hydroliennes .

C’est très bien mais un peu court.

Dans le paragraphe sur la finalité de cette feuille de route, rien sur l’emploi associatif, l’économie sociale et solidaire, qui représente 10% des emplois de la métropole (et 12% des emplois en France et dans notre région Nouvelle Aquitaine, ce qui prouve qu’on peut mieux faire), soit 36 400 emplois (c’est plus que l’aéronautique et le spatial avec 20 000 emplois, plus que le numérique avec 15 000 emplois, plus que le tourisme avec 16 000 emplois).

Certes, vous évoquez la délibération de juillet 2016 en faveur de l’ESS en précisant que « sur les dix dernières années, l’ESS a créé́ 440 000 emplois nouveaux, et est en croissance de 23%. »
Alors que dans le même temps, l’ensemble de l’emploi privé n’augmentait que de 7 %. C’est un vivier d’emplois pour les 10 prochaines années. »

On ne sent pas une priorité portée à ce secteur d’avenir. Pas plus que sur la nécessaire transition énergétique.

Le document accorde ainsi « une attention particulière à la transition écologique ». Une attention, c’est un peu condescendant, ce n’est une priorité donnée.

La transition énergétique est pourtant particulièrement pourvoyeuse d’emplois.

Rénovation thermique des logements :
Une étude du CNRS montre qu’une telle politique pourrait créer 200 000 emplois dans notre pays.

Les énergies renouvelables peuvent créer 680 000 emplois nets toujours selon le CNRS.
Le Commissariat général au développement durable a calculé que 1 million d’€ dépensé dans les travaux publics, ce sont 4 à 5 emplois créés.
Alors que le même million investi dans la transition énergétique représente plus de 15 emplois créés.

Cette feuille de route est conçue comme un document d’orientation stratégique.

Or il nous est proposé dans la même délibération d’approuver le schéma régional de développement économique de la région.

Quitte à approuver ce schéma, nous aurions souhaité qu’il s’en inspire davantage.

Le schéma régional de développement économique de la région comprend 9 orientations stratégiques, dont la première est conçue comme une « priorité transversale » à toutes les autres : il s’agit d’« anticiper et accompagner les transitions numériques, écologiques et énergétiques et de mobilité » sur l’ensemble du territoire régional.

Le constat et les enjeux posés par le schéma régional sont clairement mis en exergue (p.40 du SRDEII) : « En réponse au changement climatique et à l’épuisement programmé des ressources fossiles, les institutions mondiales mettent en place progressivement des stratégies offensives, favorables à l’utilisation d’énergies renouvelables, et concomitamment, aux économies d’énergie et à l’efficacité énergétique. Cette transition écologique et énergétique touche, à l’instar du numérique, toutes les entreprises dans leur fonctionnement. Elle porte aussi des perspectives réalistes de créations conséquentes de nouveaux emplois ».

Dans le même ordre d’idée, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises est rappelée en introduction du schéma, ce qui n’est pas le cas pour notre feuille de route, ainsi que des indicateurs de suivi et d’évaluation des axes stratégiques retenus et des actions qui en découlent.

Vous nous précisez que la feuille de route sera traduite chaque année par un plan d’actions. Nous attendons donc le plan d’action 2017, espérant qu’il sera assorti d’indicateurs de suivi et d’évaluation permettant de mesurer l’efficacité de vos propositions.

Ainsi on a l’impression que la transition écologique et énergétique, est évoquée de ci de là, comme une « attention » mais certainement pas comme une réelle ambition politique et mentionnée.

Pour ces raisons nous souhaiterions qu’on dissocie le vote de la feuille de route à laquelle nous n’adhérons pas de celui du schéma régional, que nous souhaitons approuver. Si cela n’est pas le cas, nous nous abstiendrons.