Conseil métropolitain du 15 février 2019 – Intervention sur la programmation 2018 de logements sociaux
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Conseil du 15/02/2019 – Programmation 2018 de logements sociaux

Intervention de Sylvie Cassou-Schotte

 

Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Cette délibération est l’occasion de revenir sur la problématique du logement qui se fait jour sous plusieurs formes dans notre agglomération.

Tout d’abord, nous regrettons fortement la baisse de 4,3% du volume de demandes d’agréments par rapport à la programmation initiale votée en juin dernier. Cela est d’autant plus regrettable qu’avec un volume total de 3225 logements locatifs sociaux finalement programmés, nous actons tout de même avec cette délibération une baisse de 18% par rapport à la programmation de l’an dernier (-34% sur le PLS, – 14% sur le PLUS et – 8% sur le PLAI). Cet infléchissement est dommageable tandis que par ailleurs la demande en logement social ne faiblit pas, bien au contraire, avec 37 000 demandes par an pour seulement 8 000 attributions.

Toutefois, nous reconnaissons que l’effort sur les PLAI, c’est-à-dire les logements les plus sociaux, se maintient globalement, et c’est un élément de satisfaction.

Si nous pouvons entendre que des aléas aient pu retarder certaines opérations, la lecture des tableaux récapitulant les différentes opérations laisse néanmoins le sentiment amer d’un engagement inégal des communes dans l’atteinte des objectifs pourtant fixés par notre PLH. Certaines communes sont ainsi particulièrement proactives et dépassent même largement les objectifs annuels du PLH (Bordeaux, Blanquefort, Eysines, Parempuyre, Bassens), tandis que d’autres n’affichent aucun logement social dans cette programmation 2018, parmi lesquelles des communes qui ont un pourcentage de logement social encore relativement modeste, voire insuffisant, au regard de la loi SRU et de leurs voisins.

Évidemment, nous avons bien en tête qu’il convient de regarder cette question dans une dimension pluri-annuelle, un projet urbain pouvant représenter dans certains cas la production de plusieurs années. C’est pourquoi, de commission en commission, nous demandons un bilan pluriannuel de la réalisation et de la programmation par commune et par typologie de LLS, ce qui à ce jour ne nous a pas été présenté.

Nous attirons l’attention également sur l’importance de veiller à une diversité dans la typologie des logements produits. Si nous avons besoin de logements familiaux, nous observons également un réel besoin de petits logements très sociaux pour répondre à des situations liées à des phénomènes de décohabitation ou de vieillissement par exemple et pour des publics aux faibles, voire très faibles ressources.

Par ailleurs, cette délibération nous renseigne sur l’absence de projet de résidence hôtelière à vocation sociale dans cette programmation 2018. Seule une résidence sociale (sur Eysines) est inscrite dans les opérations 2018.

Ceci alors même que les besoins en matière d’hébergement d’urgence, d’hébergement d’insertion et de logements temporaires sont loin d’être couverts. Certes, l’offre en la matière s’est développée depuis 2013, mais comme nous l’avons vu lors de la dernière réunion du groupe Hébergement le 7 février dernier, cette offre reste encore majoritairement concentrée sur quelques communes, et particulièrement sur la ville-centre. Il en va de même pour l’accueil des migrants. Et à ce jour, les projets à l’étude de structures de type « pensions de familles », « résidences sociales », etc. ne semblent pas aller dans le sens d’un rééquilibrage territorial ou d’un engagement identique de toutes les communes de notre métropole.

Or, à notre sens, la réponse à la demande de logement dans un contexte immobilier de plus en plus tendu, le nombre de plus en plus important de situations humaines dramatiques dans les squats notamment et l’accroissement de la pauvreté accréditée par les derniers chiffres de l’INSEE sont autant d’éléments qui doivent inciter à une plus grande solidarité territoriale au sein de notre agglomération.

A cet égard, le dossier des ETI (espaces temporaires d’insertion), avec à ce jour l’engagement de seulement 3 communes (Bègles, Mérignac et Bordeaux) et seulement 1 projet en phase d’étude opérationnelle (celui de Bègles), est une parfaite illustration du fait que toutes les communes ne prennent pas leur part de solidarité envers les plus fragiles.

L’inertie sur tous ces différents sujets appelle probablement de nouvelles modalités telles que la prise en compte d’un socle de solidarité dans les contrats de co-développement, via un bonus aux communes volontaristes, pour avancer plus vite sur les projets.

Nous vous remercions pour votre attention.

 

(seul le prononcé fait foi)