Conseil du 02 décembre 2016 – Intervention de Pierre Hurmic – 2eme plan vélo metropolitain 2017-2020
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Monsieur le Président, Mes chers Collègues,

Je voterais pour ce 2ème plan vélo, que je soutiens, mais avec quelques remarques qui se veulent constructives

Tout d’abord, une remarque d’ordre sémantique. Arrêtons d’enrober les faits de superlatifs et de slogans de communication qui ne sont pas réalistes. Le titre même de la délibération « Bordeaux capitale du vélo » me parait disproportionnée par rapport à la place du vélo dans notre agglomération. Peut-on arrêter de systématiquement enrober les faits de superlatifs et de slogans de communication et amener un peu d’humilité dans l’action publique ?

Dans le résumé il est répété que Bordeaux a été désignée en 2015 8ème ville cyclable au Monde. On continue à utiliser ce classement subjectif alors que je rappelle que Bordeaux Métropole en 2015 c’est 5 à 6% de part modale vélo. Il y a en Europe en 2015 plus de quinze villes avec une part modale vélo supérieure à 20% mais aucune de ces villes ne figure dans ce classement ! Prudence dans l’utilisation de tels classements pas toujours révélateurs de la réalité.

Dans le même ordre d’idée on répète qu’il s’agit d’atteindre 15% de part modale si possible en 2020. On a mis 4 ans pour gagner 4% de part modale. On va pas passer de 8% à 15% en 4 ans. Il faut mettre la barre haute certes. Mais il faut aussi être lucide. Ce qui signifie + 10% en 3 ans. On sait qu’on n’y arrivera pas.

Pour gagner la bataille culturelle, 200 000 euros en 4 ans ne sera pas suffisant. On peut avoir une part modale vélo comparable à la part modale transports en commun. Mais alors mobilisons des budgets comparables à ceux des transports en commun. On a mis 1,5 millions d’euros pour changer TBC en TBM. Alors 200 000 euros pour le vélo, c’est bien peu.

J’en viens directement aux indicateurs du tableau de bord : 12 indicateurs sur 21 ne sont pas définis. On nous dit qu’ils seront validés lors d’un comité de pilotage constitué d’élus et de représentants d’associations actives dans ce domaine. Les résultats seront présentés chaque année. Nous souhaitons d’ores et déjà préciser que certains indicateurs doivent être affinés : la part des femmes à vélo, c’est bien mais la progression de la part des enfants et des séniors en selle est également un indicateur à mesurer.

D’une manière générale je reprocherai à ce plan vélo de manquer d’une vraie priorisation des actions. Certaines actions mises en avant sont des gadgets : systèmes de repose-pied spécifique pour les cyclistes aux feux, poubelles spécifiques pour les cyclistes permettant de se décharger de ses déchets sans s’arrêter, c’est bien de s’inspirer de Copenhague mais avant d’en arriver là il faut surtout mettre le paquet sur la résorption des discontinuités cyclables et sur le réseau vélo express (REVE). Il faut donc déjà commencer par réaliser les 140 km complets de REVE prévus par le 1er plan vélo de 2012.

Enfin j’insiste sur la sécurité. Le rapport Développement Durable 2014 de la ville de Bordeaux (le dernier que nous ayons à ce jour) nous indique une augmentation de 241% de cyclistes dans les zones apaisées : cela prouve donc bien que la part du vélo est proportionnelle à la sécurisation des voies, et qu’il faut donc intensifier la sécurisation pour augmenter la part modale du vélo à Bordeaux.

Il faut Mr le président, en particulier, s’emparer de manière plus volontariste sur la sécurisation des déplacements à vélo sur les boulevards. Le plan vélo ne propose que 3 M€ pour aménager 4 points spécifiques des boulevards.

Enfin, comme Brigitte Terraza l’a déclaré hier dans Sud Ouest, nous soutenons l’association vélo-cité dans sa lutte pour maintenir la piste cyclable du pont François-Mitterrand. Au moment où nous nous mobilisons pour soutenir le vélo dans notre métropole ce serait un très mauvais signe politique de fermer cette piste.

Je vous remercie.